Poésie

 

Emergence

La Vie coule
Telle une Source Magique

Ne plus la percevoir, tout s’assèche

La laisser vivre, elle nettoie et guérit
Tisse notre chemin

La Source contient tout

Elle est Artiste, Guérisseuse

Elle est Connaissance et Savoir

Vouloir devenir quelqu’un sera futile et limité

Révéler ce que nous sommes déjà rayonnera et sera illimité

La Source ne se provoque pas
Elle émerge

Toute technique, toute méthode est vaine
Elles traduisent notre oubli

Etre avec ce qui est là, permettre, ressentir
Laisser émerger
Laisser émerger

Aimer le chant des oiseaux autant que se rouler dans la boue

Aimer le jour comme la nuit

Il n’y a besoin de rien ni de personne

Le chemin paraît long, mais nous savons déjà
Nous connaissons déjà
Nous sommes déjà là
Déjà là

 

Là où mes larmes sont tombées

Là où mes larmes sont tombées,
les fleurs, enfin, enfin,
les fleurs enfin ont pu pousser

 

Là où j’habite

Là où j’habite il n’y a pas de maisons
Car là où j’habite il n’y a pas de murs

Là où j’habite il fait toujours beau, même quand le Ciel est à l’orage

Là où j’habite il n’y a pas de nuit froide sans le feu qui réchauffe et éclaire
Ni de jour brûlant sans l’ombre qui rafraîchit

Là où j’habite la chaleur fait fondre la laideur et le gel cristallise la beauté
La tempête balaie les branches mortes et le calme invite à danser

Là où j’habite il n’y a pas d’exclu
Tristesse, Colère et Peur ne connaissent pas de solitudes

Là où j’habite le Silence est le Soleil qui illumine tous les bruits

Là où j’habite tout s’ouvre, tout s’ouvre

Encore et encore

Toujours, toujours, toujours

 

L’artiste

Il existe un monde qui ne s’éteint jamais, qui ne disparaît jamais

J’aime me promener dans ce monde
Tout y est si beau
Tout y est si vaste

Ce monde-là est joueur
Il aime venir s’amuser dans la matière

Ce monde-là est farceur
Comme l’est un enfant
Se déguisant sous mille et mille formes

Parfois musique, parfois poésie, parfois sculpture

Mais quand mon front se plisse de sérieux en croyant faire de la musique, de la poésie ou une sculpture, ce monde se met à rire

“Si tu veux savoir ce qu’est la musique, bois un verre d’eau”
“Si tu veux savoir ce qu’est une poésie, va travailler à l’usine”
“Si tu veux savoir ce qu’est une sculpture, croque dans une bulle de champagne”

Et il rit de plus belle, dans un rire si joyeux que je me mets à rire avec lui

Et dans ce rire tout s’éclaire, tout devient limpide

Il n’y a plus de musique, de poésie ou de sculpture

Il n’y a plus de verre d’eau, d’usine et de champagne

Il ne reste plus que ce rire joyeux
Partout
A l’infini

 

 La disparition

Au cœur du Silence toutes les portes s’ouvrent

J’entends mais il n’y a pas de sons

Je vois mais il n’y a pas d’images

Je ressens mais il n’y a pas de sensations

Au cœur du Silence j’ai disparu

Quel bonheur

 

Qu’importe

Ces yeux qui ne voient
Ces oreilles qui n’entendent

A la beauté, aveugles
A l’appel, sourds

Qu’importe

Personne pour le reprocher
Personne pour ne pas le reprocher

L’arbre reste majestueux
Le Silence continue à chanter

 

Vérité

Vérité te voilà ?

Dénudée de tous les mots
Dans le Silence tu jaillis

Immédiate

 

Tant de mots

Tant de mots, tant de mots

Tant de mots qui éloignent
Tant de mots qui séparent

Tant de mots, tant de mots

Pour aller où ? Pour dire quoi ?

Trains vers l’enfer
Tant de mots qui embarquent
Tant de mots qui distraient

Dans leur folie, tant de mots qui se perdent
Tant de mots qui se noient

Où allez-vous, mots, où allez-vous ?

Passez, passez

Seule l’empreinte de mon pied me rappelle mon vrai chemin

Celui qui se crée et s’efface à chacun de mes pas

Celui qui par sa Joie crée le sol sur lequel je me pose

Celui qui se nourrit de lui-même pour mieux s’offrir aux autres

Celui qui danse car il aime danser
Celui qui chante car il aime chanter
Celui qui n’a pas besoin de conduire quelque part

Passez, passez les mots

Et quand vous serez prêts, venez danser avec moi

 

Quelques gouttes

Quelques gouttes ont suffi

Surgies de nulle part, surgies de rien

Quelques gouttes ont suffi

De la noirceur et la lourdeur, rien ne subsiste

Quelques gouttes ont suffi et me voilà rafraîchi

 

 

Le chercheur de Vérité

J’ai posé mes diplômes, vomi mes connaissances

J’ai ôté mes vêtements, rangé mes costumes

Me voilà nu

Ciel, suis-je digne de recevoir ta réponse ?

Mais le Ciel est resté là-haut et moi ici-bas

Je me suis assis au pied de l’Arbre de la Connaissance,
j’ai attendu son enseignement, immobile et patient

Mais rien n’est venu

Mais toi Rivière, si j’écoute la poésie de ta musique, tu me répondras ?

Mais elle n’a pas répondu non plus

N’en pouvant plus, sauvagement,
j’ai bondi au haut de l’Arbre et sauté dans la Rivière

Alors l’Arbre a ri, la Rivière s’est soulevée, et le Ciel s’est jeté dans mes bras

 

La Colline

Comme ta courbe m’est douce
Harmonieuse, calme, tendre

Délicatement, seulement délicatement, mon regard s’y pose
Si délicatement

Mon regard s’y pose, comme après un long voyage

Où commences-tu Douce Colline ?
Qui t’a créée Douce Colline ?

Si finement soulevée sans jamais être déformée

A force de t’observer ton souffle me devient maintenant perceptible

En toi je respire et m’ouvre

Dans ma poitrine qui se soulève et s’abaisse, je reconnais la force qui t’a créée

Dans ton apparente immobilité se révèle l’éternel souffle de Vie qui m’anime

Merci Douce Colline

 

 

La Messagère

L’âme adore chanter

En fait elle chante continuellement, pas seulement dans son bain

Elle chante le Silence
Plein de Couleurs

Son chant est si beau et si familier, que ne plus l’entendre est douloureux

La Musique est une de ses messagères

Elle dit :
Souviens-toi,
Tu es ce merveilleux chant du Silence

Laisse-le s’étendre à l’infini
Laisse-le te guider

Il te ramène à la maison

 

L’arbre de la Forêt

Ami qui vient me voir
Qui crois-tu rencontrer ?

Je suis là immobile penses-tu

Sens-tu la Vie qui coule en moi ?
Sens-tu la Force qui vibre en moi ?

Le Vent me caresse
Une feuille frémit

Je souris

Ma Présence grandit
Je n’ai plus de limites

Du fond de mes racines je t’amène la mémoire des temps anciens

Je n’ai plus d’âge et je suis un Géant

Ami, t’es-tu reconnu ?

 

Le clair matin

J’ai brassé ma solitude dans le Ciel du Monde
Comme on brasse du vent, comme on brasse de l’air.

Grain de sable perdu dans le désert, étoile isolée dans le Ciel

Assourdi par mes propres cris, effrayé de ma propre ombre

Longtemps longtemps j’ai erré
De place en place
D’espoir en espoir
D’illusion en illusion
Longtemps, tellement longtemps

Rassuré par le soleil, assombri par le nuage
Pleurant la fin de l’été, espérant son retour tout l’hiver
Girouette livrée aux caprices du vent

Mais dans ce clair matin qui se lève, est-il possible que cela ne soit pas ?
Que le rire joyeux ait tout effacé ?
Que la brise légère ait tout nettoyé ?

Espace neuf et jamais terni, ce jour nouveau n’a-t-il jamais disparu ?
Quelle est cette fraîcheur qui m’inonde et me laisse souriant,
là,
au milieu de la souffrance du monde

 

L’immobilité

Frère de cœur
sœur d’âme
ta souffrance est ma souffrance
ton bonheur est mon bonheur

Et pourtant en moi rien ne bouge
laissant les mouvements de la Vie libres de naître et mourir
sans rencontrer d’obstacles

Merveilleux silence où tout se rejoint et se reconnaît
et d’où jaillit la Vie
intense et puissante
indéfiniment, indéfiniment

 

 

 

D’une bulle

D’une bulle qui s’envole, j’entends le chant des oiseaux

Le chant des oiseaux qui résonne, qui résonne

Le chant des oiseaux qui sourit,
qui sourit à la bulle,
qui sourit au Ciel bleu

Et au chant des oiseaux la bulle qui sourit,
la bulle qui rit

Et dans sa danse du rire, la bulle invite le nuage noir, invite la tempête

Et dans sa danse, elle vient frapper à ma porte

Et elle invite la tristesse, et elle invite la lourdeur

Et elle danse, danse

Et elle rit, rit

 

 

©frédéric fasel